De nombreuses demandes d'utilisations des déchets adressées aux collectivités par des citoyens expérimentateurs, portent une revendication de réappropriation du déchets soit pour la fonction intrinsèque des biens soit pour leurs natures constitutives ou encore comme un “moyen de résister”. La plupart des revendications portent sur un droit d'accès au gisement et invoque au nom du “gâchis” un accès qui serait davantage celui d'un droit d'usage, comme celui qui est invoqué pour aller glaner ou cueillir des champignons plutôt qu'une convention avec un format associatif bien cadré, en somme c'est la revendication à un accès direct qui est souhaité mais n'est pas pour autant souhaitable du point de vue des collectivités gestionnaire des déchets. L'objet déchet par sa forte mobilisation technique, juridique et commerciale par les marchés ne permettent que peu une économie circulaire directe.
Sortir le déchet d'une linéarité pourtant qualifiée de circulaire à l'échelle mondiale, pour le réinscrire localement dans de nouveaux schémas et de nouvelles boucles nécessite de repenser globalement la relocalisation de la valeur et au bénéfice de quoi et pour qui.
Les investissements massifs, propre aux déchets, exigent de garantir la continuité économique du process et la contractualisation le plus en amont possible vise à assurer un débit constant dans les infrastructures. Il s'agit de sourcer le déchet avant même qu'il soit produit. La notion de captation en amont va très loin et on peut supposer qu'avant d'être hors d'usage, les biens sont des déchets en devenir et appartiennent de facto à l'éco-organisme, leurs temps d'usages étant extrêmement réduit.
Cette économie circulaire perçue comme très linéaire du point de vue des territoires et des habitants est souvent vécue comme une injustice. La plupart des glaneurs.ses estiment que leur activité est une forme de réparation, réparation financière, réparation morale, réparation sociétale. L'abondance et la profusion de biens serait selon eux révélatrice des symptômes d'une société dysfonctionnelle et profondément inégalitaire puisque même l'accès aux rebuts est régenté.
Les financements de systèmes d'alarme en déchèterie par les REP viennent enclore un peu plus ces espaces où une sorte de justice et de réparation informelle s'accomplissait à la nuit tombée, ôtant le territoire d'une économie circulaire directe.
Peut-on parler de colonisation socio-technique des territoires? Comment s'organisent les résistances à la dépossession des valeurs qu'engendre ce type de gestion?
Le cas d'une collectivité en Sud Vendée, d'une recyclerie dans le marais poitevin, et d'une recyclerie vélo en milieur rural.