Les déchets dans les quartiers de Kinshasa : d'un problème connu à un objet de résistance infrapolitique
Joel Munongo Yula  1@  
1 : CERAPS
Université de Lille, Droit et Santé

 

Pourquoi les déchets qui se constituent pourtant comme un problème d'ordre public connu, défini et identifié par les acteurs tant publics que sociaux ne font pas l'objet d'une prise en charge totale, partant de leur collecte à leur traitement ou seconde vie ? qu'est ce qui fait que ce problème des déchets persiste à Kinshasa ?

La réalité des problèmes publics montre qu'une situation posant problème dans la société fait très souvent l'objet d'une revendication, d'une contestation ou encore d'une manifestation de la part des groupes sociaux, des individus ou des collectifs des citoyens, afin qu'elle rentre dans l'agenda politique des gouvernants. On peut citer à cet effet, le mouvement de gilets jaunes en France, les actions protestataires contre les déchets en Tunisie etc. Or, à Kinshasa, les déchets qui dans un regard condescendant peuvent être qualifiés « d'objets sales », ne répondent pas à cette logique. Ils sont au contraire acceptés par les habitants et groupes sociaux qui se les approprient dans les quartiers autonomes de cette ville.

Cette contribution vient ainsi analyser les pratiques des habitants et travailleurs des déchets qui révèlent une forme de résistance discrète et invisible, faisant des déchets une ressource pour la survie en situation de manque de logement et d'activités rémunératrices. Depuis les années 1990, l'anthropologue James C. Scott parlait de résistance infrapolitique en mettant en situation les formes cachées de résistance des subalternes obéissant à des règles différentes de la domination publique. Parler ainsi de l'infrapolitique c'est mettre en avant les formes de luttes quotidiennes « masquées ou déguisées » des « subalternes urbains » « invisibilisés », permettant la mise en place d'une économie de survie dans les marges urbaines de Kinshasa notamment, à travers la récupération des déchets. Cette contribution focalise le regard sur les pratiques de récupération des déchets dans les quartiers de deux municipalités de Kinshasa celles de Matete et Limete. Certains quartiers de ces deux communes de Kinshasa regorgent les réalités similaires. On y trouve des montagnes de plastiques, de tas d'ordures ménagères et des déchets tout venant. L'apport de cette contribution dans le cadre de ce workshop réside ainsi dans la manière de montrer que le rebondissement du problème des déchets pourtant, bien connu et défini à Kinshasa est tributaire des résistances infrapolitiques (Scott, 1990) face à l'incapacité des habitants et groupes sociaux dans les marges de Kinshasa de mettre en œuvre de mobilisations protestataires et frontales contre les déchets qui y sont déversés. Cette contribution s'articule autour de deux points montrant dans le premier les déchets comme ressource pour la construction des maisons (logements) dans les quartiers marginalisés de Kinshasa (point 1). Le deuxième point à son tour montre le travail de récupération des déchets comme moment de formulation de critiques à l'égard des autorités politiques suite à l'incapacité de conster frontalement (point 2).


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