L'invisibilisation des modalités de coordination non marchandes dans les programmes d'économie circulaire – exemple de l'industrie agroalimentaire
Camille Smadja-Vigier  1@  
1 : SPLOTT
Université Gustave Eiffel

Dans les discours du privé et du public, la gestion des déchets se pense depuis quelques années comme un des axes pour mettre en œuvre une économie « circulaire ». Dans ce contexte, les déchets deviennent / sont devenus des ressources censées permettre un certain découplage entre la consommation de matière et la croissance économique. Sans réelle rupture avec nos modes de consommation actuels, l'opérationnalisation de l'économie circulaire est pensée selon une logique marchande et infrastructurelle.

Cette communication propose de critiquer les leviers choisis par les programmes pour favoriser le déploiement de l'économie circulaire en mobilisant un cadre théorique issu de l'économie des conventions et l'économie de proximité. L'idée principale soutenue est que les logiques mobilisées ont une compréhension de la logistique comme reposant uniquement sur une dimension matérielle (transport de marchandises, stockage, rencontre entre des flux sortants et intrants..), au détriment de sa dimension organisationnelle (fluidité des échanges, critères de qualité, proximité...). Les dispositifs mis en œuvre traduisent un cadre où la coordination passe avant tout par le marché où se met en place un équilibre concurrentiel et des échanges marchands. La vision suivie est qu'il faut comprendre la structure de marché pour favoriser plus d'économie circulaire en jouant sur les prix, les quantités produites, les coûts ... et l'élargissement des filières à responsabilité élargie des producteurs illustre bien cela. Or cela minore le rôle des intéractions et d'autres déterminants qui caractérisent le fonctionnement du système productif, y compris dans le cas des pratiques circulaires.

Les modèles logistiques reposent sur des déterminants clés autres que le coût du transport et les distances métriques (le degré de spécificité de la demande, le degré de spécialisation des ressources, l'organisation spatiale d'une firme...) et des modalités de coordination différenciées, locales et situées. Les intéractions constituent aussi un levier pour influencer le système productif car les pratiques circulaires s'appuient sur de la proximité spatiale et organisationnelle.

Ces réflexions font parties d'un travail de thèse plus général sur l'organisation logistique des pratiques circulaires liée aux modalités de coordination dont la méthode s'articule autour d'entretiens semi-directifs menés auprès de site d'exploitation d'industries agroalimentaires. Elles pourront s'appuyer sur des exemples issus de ces entretiens, de schéma logistique et d'intéractions autour des pratiques circulaires et de la valorisation des déchets organiques au sein de sites d'exploitation.

Par ailleurs, la réflexion étant naissante, elle pourra tout à fait être retravaillée dans le cadre d'une communication collaborative, si les lecteurs et lectrices de cet appel à communication y voient un intérêt.



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