Après la Seconde Guerre mondiale, en région parisienne, une partie de la population, dans la périphérie rurale mais aussi dans les villes secondaires voire même le cœur de Paris, a encore recours aux fosses d'aisance comme solution sanitaire. S'il est difficile d'avoir une quantification fine et à l'échelle de la région, l'observation de quelques cas (Paris, Versailles, Saint-Denis, etc.) atteste de ce maintien dans les creux du réseau de tout-à-l'égout qui est encore loin de couvrir l'ensemble de l'agglomération. Ce faisant, l'activité de vidange des fosses existe elle aussi toujours dans la région. Hormis quelques grosses sociétés, le marché est partagé par de nombreuses petites entreprises qui opèrent à une échelle relativement localisée autour d'un chef-lieu où elles ont leur siège. Dans les années 1940 et 1950, toutes maintiennent les pratiques de recyclage agricole des matières recueillies – les « matières de vidanges » – et essentiellement la transformation en poudrette ou en sulfate d'ammoniaque de manière industrielle ou artisanale et l'épandage dans les champs. Étant donné la richesse de ces matières en matières organiques et en divers minéraux, des cultivateurs continuent de les rechercher ou d'accepter leur épandage sur leurs champs. Il y a là persistance voire résistance d'usages anciens dans un paysage qui est, par ailleurs, bouleversé par la modernité industrielle.
En effet, ces activités – autant de vidange des fosses que d'évacuation agricole – sont menacées par des difficultés conjoncturelles qui s'accumulent comme par des évolutions de plus long terme qui déstructurent la profession et ses usages : hausse des coûts d'extraction et baisse de celle du prix de vente des matières, dégradation qualitative de ces dernières du fait de nouveaux produits qui pénètrent les foyers, concurrence exacerbée des engrais de synthèse, urbanisation éloignant et raréfiant les terrains agricoles où épandre, conflits de voisinage, etc. Le système des vidanges est très fragilisé. Cette fragilisation a également des répercussions sanitaires qui ne lui bénéficient pas. Pour autant, en région parisienne comme ailleurs dans le monde, et de la même manière que l'on innove en matière de traitement des ordures ménagères ou de pratiques des épandages d'eaux usées, on recherche ici aussi des perfectionnements techniques. Certains procédés originaux – comme les toilettes à séparation à l'échelle du foyer pour un recyclage individuel ou la fabrication de fumier artificiel à partir de vidanges recueillies et que l'on fait fermenter artificiellement – sont mis au point, mais leur succès reste faible, du moins dans le contexte francilien.
À partir de la fin des années 1960, les difficultés auxquelles sont confrontés les vidangeurs s'exacerbent. En conséquence, les vidangeurs réagissent en s'organisant en syndicat professionnel et en mettant à l'agenda des institutions régionales et gouvernementale un « problème des vidanges ». Face aux difficultés, ils continuent autant que possible à pratiquer les épandages agricoles mais, finissant eux-mêmes par considérer cette option d'évacuation condamnée, ils ne la défendent pas. Ils se tournent plutôt vers le monde industriel : celui-ci leur offre autant des nouvelles matières résiduelles et polluantes à gérer en remplacement des vidanges (boues d'égouts, résidus des industries pétrochimiques et autres, marées noires, etc.) que, pour celles-ci, un débouché́ clef-en-main. Le choix est donc collectivement fait, par les vidangeurs comme les institutions régionales et gouvernementales, d'effectuer le traitement des dernières matières de vidange au sein des stations d'épuration : il s'agit donc de les liquider/détruire avec le reste des eaux usées, plutôt que de maintenir leur recyclage. Au départ pénalisant pour le bon fonctionnement de ces installations industrielles de traitement, ce choix finit à terme par les renforcer en venant les alimenter en matières à traiter. Lentement et laborieusement mis en œuvre, cette décision conduit à la quasi-disparition du recyclage agricole des dernières matières excrémentielles qui, jusqu'à la fin des années 1990, ne rejoignent pas encore le réseau de tout-à- l'égout.